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C'est si peu dire...
20 septembre 2006

Le voyage de Lou de M.J.Hyland

lou

Louise Connor a seize ans, elle est très intelligente, timide, étrange et serait vraiment belle si elle osait se mettre un peu plus en valeur. Issue d’un milieu très modeste, cette jeune Australienne originaire de Sidney, pourra-t-elle, à la faveur de sa sélection dans le cadre d’un programme d’échanges scolaires entre les Etats-Unis et l’Australie, échapper au destin auquel la condamne un environnement familial calamiteux, marqué par la misère, l’alcoolisme, la violence, la toxicomanie et la déchéance sous toutes ses formes ?
Lou espère beaucoup de son année en Amérique, sa dernière au lycée : elle compte s’y réinventer et commencer enfin sa vraie vie.
Très vite, Lou déchante car, elle va en faire l’amère expérience, nul ne fait jamais table rase de son histoire. Elle est accueillie chez les Harding, une famille américaine modèle de la middle class dans la banlieue de Chicago. A peine débarquée de l’avion, elle se met à observer ses membres avec une inexorable lucidité : Margaret, la mère de famille active attachée à une vie domestique ordonnée ; Henry, le mari soumis et mal à l’aise ; Bridget, la jeune fille athlétique et superficielle ; James, l’adolescent maladroit, cruellement travaillé par ses hormones. Cette froideur qu’elle perçoit en eux, et qui émane aussi d’elle, l’empêche de s’ouvrir entièrement, cependant qu’eux- mêmes sont trop confinés dans leurs habitudes bourgeoises pour l’accepter telle qu’elle est.. Pourtant de part et d’autre, on est soucieux de bien faire : chacun rêve à sa manière d’harmonie, de rédemption et de réconciliation dans le meilleur des mondes (L’Amérique). Malgré –ou à cause de- la bonne volonté générale , un gouffre va se creuser entre les Harding et Lou, qui va se tourner de moins en moins clandestinement vers l’alcool puis la drogue, ses amis depuis toujours.
Lou aura peut-être droit à une seconde chance, mais la pression de ses propres aspirations et la peur de l’échec que constituerait son retour prématuré en Australie font peser sur elle le risque de perdre définitivement le contrôle de son destin.

A travers le personnage de Louise Connor, Maria Hyland brosse un portrait d’adolescente, sans complaisance et tout en nuances. Tiraillée entre son agressivité et sa vulnérabilité, sa jeunesse, son innocence et son intelligence des comportements, son désir de s’adapter et sa nostalgie de sa famille véritable, qu’elle combat avec un douloureux acharnement, déchirée entre son besoin d’affection et sa fascination-répulsion vis à vis de ceux qui l’entourent, Lou est l’héroïne parfaite pour mettre en relief une certaine bourgeoisie américaine, économiquement comblée.

Aucun des personnages n'est stéréotypé : tous sont prisonniers d’une insatisfaction informe dont ils ne se libèrent qu’en de rares occasions, souvent poignantes.
Narré au présent par la protagoniste, le récit plein de vivacité et de trouble, se termine par une note douce amère qui laisse entrevoir la possibilité pour une créature blessée, perdue de retrouver un peu de chaleur humaine, d’amitié et de rêve là où elle les attend le moins

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