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C'est si peu dire...
20 septembre 2006

Un garçon convenable de Vikram Seth

vikram_seth

Vikram Seth, merveilleux dramaturge, a écrit ici un livre passionnant, émouvant et enrichissant. On y repense longtemps après l'avoir refermé.
A travers les personnages de ce roman, c'est la société indienne du XXème siècle (postcoloniale), sa dualité entre tradition et modernisme, qui est décrite avec talent.

Le roman se passe dans les années 1950 à Brahmpur capitale supposée d’un non moins mythique Etat du Purva Pradesh quelque part au centre du sous continent indien

L’intrigue principale de ce roman dont on ne saurait résumer la variété repose sur la quête incessante et passionnée de Mrs Rupa Mehra à la recherche d’un mari pour sa fille Lata. C’est en fait la saga de plusieurs familles qui est donnée à lire et à travers cette saga Seth aborde également à travers cette histoire les méandres de la politique

Autour du personnage de Lata, trois intrigues sont construites.
Le personnage de Haresh sur lequel Mrs Mehra a jeté son dévolu incarne la réussite petite bourgeoise, l’ascension sociale d’un employé d’une fabrique de chaussures, passionné par son métier peu ragoûtant aux yeux de la société où évolue Lata (rappelons qu’en Inde les métiers qui touchent à des animaux morts sont réservés aux basses castes).
Le personnage d’Amit, jeune écrivain, représente la fraternité profonde qui peut exister avec l’héroïne, fondée sur les choses de l’esprit, sur la découverte de la ville de Calcutta, ou de sa littérature.
Le personnage de Kabir, enfin, « le garçon qui lui convenait le moins » (p. 1033), correspond à la passion qui unit deux amants aux destins croisés, parce que leur religion (Lata est hindoue, Kabir musulman) interdit qu’ils s’épousent.
Ces trois personnages définissent le personnage de Lata, déchirée entre le choix « raisonnable » de sa mère, le choix poétique de l’intellect, le choix irrationnel de l’amour.

L’un des modes privilégiés de la narration est la conversation.
Mrs Rupa Mehra entretient avec sa fille une longue conversation qui a pour unique leitmotiv la nécessité de lui trouver un mari, comme le veut la phrase qui donne son titre au livre, et qui définit cette mère obsessionnelle : « il faut trouver un garçon convenable pour Lata » (p. 48).
Le monde de Mrs Mehra est divisé en deux catégories, ceux qui ne sont pas convenables (p. 512) que Lata fréquente, et le garçon convenable, description idéale qui n’attend que sa référence ; après le mariage de Lata, Mrs Mehra retrouvera une raison de vivre en se donnant pour objectif de trouver à son fils Varun… « une fille convenable» (p. 1207).
Toute l’ironie du roman apparaît dans les potentialités de ce thème bien indien, mais qui n’est pas non plus étranger à la littérature anglaise, George Eliot et surtout Jane Austen (Orgueil et Préjugés). Roman des familles mal assorties, qui contractent des alliances en dehors de leur milieu social — ou pire : en dehors de leur caste —, roman des familles heureuses (« Nous formons tous une grande famille heureuse à présent », p. 25), roman des relations inavouables, des liaisons qui déchirent le tissu social, Un Garçon convenable explore, à la manière de George Eliot (auteur de Middlemarch cité par Amit), les destins individuels et leur rapport au monde.

Lors d’une lecture publique, un des personnages de Un Garçon convenable, Amit Chatterji, romancier et poète, annonce son prochain roman long de plus de mille pages : (p.1132)
Il évoque LE ROMAN DE George Eliott "Middlemarch"

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